Anna Edery : pollinisatrice

Anna Edery, Souriez Vous Managez portrait d'une coach, formatrice, facilitatrice

Il faut chaud, très chaud en cette journée du 26 juin 2019. Canicule est depuis trois jours le #hashtag le plus partagé sur les réseaux sociaux. Mais il en faut plus pour décourager Anna Edery : notre rendez-vous aura bien lieu à la Recyclerie. Nous sommes dans le 18e arrondissement de Paris. Dans ce quartier éclectique, multiculturel et foisonnant, Anna a trouvé un cocon calme et lumineux disposant d’un balcon où s’exprime son amour du jardinage. Elle aime voir une plante renaître et s’épanouir sous ses yeux. Jardinière Anna l’est aussi dans ses trois métiers. Coach, formatrice et facilitatrice, elle répond à mes questions, toujours entière, donnant au passage quelques conseils avisés à celles et ceux qui souhaiteraient se lancer dans l’accompagnement.

Photo Bruno Mazodier

L’interview d’Anna Edery

 

Anne Josse : J’aimerais commencer cet interview par un jeu, « Animaux Totem ».

Anna Edery :  Bien vu ! C’est le nouveau jeu de cartes que nous avons édité avec mes associés de Souriez Vous Managez. Je l’aime tout particulièrement, allons-y !  

 

A.J.  : Alors, Anna, parmi tous les animaux illustrés sur ces 42 cartes, quel est celui qui te représente le plus aujourd’hui ?

(Avec amusement et sérieux, Anna choisit trois cartes qu’elle accompagne aussitôt d’un commentaire)

A.E.   : « Quand l’ aventure « Souriez Vous Managez » a commencé avec Manuel de Sousa il y a une dizaine d’années puis avec  Arnaud Constancias il y a cinq ans, nous nous étions prêtés à l’exercice suivant : chacun devait exprimer ce qu’il percevait de l’autre en l’identifiant à un animal. Je me souviens de l’animal qu’ils avaient choisi pour me qualifier : l’antilope. Ils l’associaient à mon caractère avisé. J’espère toujours l’être ! C’est pourquoi il fait partie des trois animaux emblématiques que j’ai sélectionnés. J’y ajoute le dauphin et l’abeille.  Le dauphin, pour l’élément auquel il est lié : l’eau . J’aime me baigner en mer, en piscine ou en rivière, cela me procure un sentiment de liberté, de bien-être. Le dauphin est par ailleurs un animal très sociable, joueur, affectueux et sympathique. On lui prête aussi une qualité : l’intelligence relationnelle.  En ce qui concerne l’abeille, elle évoque pour moi la générosité, le travail, l’organisation dans un environnement collectif. Si je devais la résumer en une qualité maîtresse, je dirais, la coopération. Et puis j’adore le miel ! Des trois animaux, si je devais choisir mon animal totem, c’est l’abeille que je choisirais.  

Anna Edery est une abeille pollinisatrice

A.J. : Ce choix est intéressant car il existe une autre qualité chez l’abeille que tu n’as pas évoquée : la fertilisation. Il me semble qu’elle est au cœur de ton métier…

A.E.  : Il est vrai que c’est ce que visent les professionnels de l’accompagnement, qu’ils soient coachs, animateurs ou formateurs… Fertiliser c’est créer les conditions favorables au développement. Faire grandir les individus et les équipes, en les invitant à devenir le propre jardinier de leur épanouissement.

 

A.J.  : Créative, sociable, généreuse, avisée… ce sont principalement des qualités. Mais chez les amérindiens, les animaux totem sont choisis aussi pour leurs défauts. D’accord pour en parler ?

A.E.  : Sans problème ! Se connaitre, c’est aussi reconnaître ses faiblesses, apprendre à vivre avec et en faire même une force. Par exemple, il m’arrive souvent de douter. C’est désagréable le doute, c’est inconfortable. J’ai appris à l’accepter. Car le doute est aussi une manière de se remettre en question, de renouveler ses pratiques, d’oser d’autres chemins. Le doute est un allié précieux quand il conduit au choix. C’est aussi le doute qui nourrit ma créativité. On prête à Léonard de Vinci la citation suivante : « Qui ne doute pas acquiert peu ». Un autre défaut (parmi d’autres) chez moi, ma trop grande spontanéité. Elle me joue encore parfois des tours…

 

A.J. : Tu publies régulièrement des articles sur le blog Souriez Vous Managez. Celui du mois de juin porte sur la Reconnaissance : « 3 idées pour motiver par la reconnaissance ». Est-ce parce que tu constates souvent un besoin de reconnaissance chez les personnes que tu accompagnes ?

A.E. : La reconnaissance telle qu’on en parle dans la vie de tous les jours – la reconnaissance de son travail, de ses qualités, de son utilité – est au cœur de l’Analyse Transactionnelle. C’est un cadre de référence auquel je me suis formée et qui explique très clairement que les signes de reconnaissance sont notre nourriture psychologique quotidienne. Appartenir à un groupe implique d’être reconnu dans sa légitimité d’en faire partie. Je suis convaincue que tout ce que l’on fait dans notre vie est avant tout motivé par un besoin fondamental, profond, essentiel de reconnaissance, et ce de manière consciente ou inconsciente. Les signes de reconnaissance que nous espérons sont comme des caresses psychologiques. J’assume complètement le fait d’avoir moi aussi besoin de reconnaissance. D’ailleurs, je ne pense pas me tromper en affirmant que toutes les personnes qui font de l’accompagnement leur métier, même dans le bénévolat, puisent leur motivation principale dans le sentiment de se sentir utiles et dans la reconnaissance qu’ils en reçoivent.  

 

A.J. : Pourrais-tu partager ici un moment fort de reconnaissance que tu as vécu ?

A.E. : Pas plus tard qu’hier, j’ai clôturé le coaching d’une jeune femme architecte. Elle avait beaucoup de mal à s’imposer dans un milieu composé essentiellement d’hommes. Sa jeunesse était aussi à ses yeux une faiblesse. Le cabinet étant spécialisé dans les travaux de copropriétés, elle avait affaire à des syndics, des entreprises de travaux, des conseils syndicaux. Elle se laissait facilement déstabiliser en interne par les collaborateurs auprès desquels elle ne parvenait pas à imposer son statut de manager et en externe, par des clients et des entreprises.  Il arrivait souvent qu’arrivant sur un chantier, on lui demande : « Mais il est où, l’architecte ? ». Nous avons travaillé sur ses objectifs et de séance en séance, je l’ai vu s’affirmer. Un de ses axes de travail était d’oser dire NON sans culpabiliser ni céder. Elle l’a appliqué progressivement et consciencieusement. Au point qu’hier, pour notre dernier rendez-vous, elle arborait un magnifique sourire. Elle m’a confié que grâce à son coaching, en plus d’avoir gagné en assurance,  elle gagnait à présent de gros chantiers d’immeubles. Pour moi, la plus belle récompense c’était de la voir épanouie, sûre d’elle. En tant que coach je lui ai donné des clefs. Elle les a utilisés parfaitement pour passer un cap dans sa vie professionnelle qui lui sera également profitable dans sa vie privée.  

 

A.J. : Voilà qui éclaire ton métier de coach, qui pour moi parfois, reste un peu flou. Peux-tu m’expliquer la différence entre coach, formatrice et facilitatrice ?

A.E. : C’est une différence que j’aborde dans le livre « Souriez Vous Managez »*. Le coaching, même s’il s’applique aussi à l’équipe, est surtout un accompagnement individuel. Le coaching a une durée relativement limitée, un objectif précis et contractualisé. L’objectif peut être personnel et/ou professionnel. Les professionnels du « Life coaching », des coachs de vie, se spécialisent dans l’accompagnement de projets personnels. Le coaching que je propose vise principalement le développement professionnel. Les enjeux sont très divers, allant de la prise de poste, au choix professionnel, à des problèmes d’affirmation de soi, relationnels ou de positionnement. Par un jeu de questions/réponses et à l’aide d’outils, je fais émerger chez le coaché des solutions créatives à côtés desquels il serait peut-être passé sans ces rendez-vous réguliers avec lui-même. Ce métier est passionnant, car il fait découvrir des univers très divers. Comme le coach travaille sur le processus et non sur le contenu, il n’a nullement besoin de connaître les ficelles d’un métier ou d’un secteur pour accompagner une personne dans son chemin professionnel. Quand j’ai commencé dans le métier de coach, je me définissais comme un transformateur d’énergie. D’où le nom de Dynamo choisi pour le nom de ma première société.  

 

A.J. : Mais tu es à présent également formatrice et facilitatrice…

A.E. : En effet, ce sont mes deux autres casquettes chez Souriez Vous Managez. En tant que formatrice, je suis celle qui transmet une posture, des outils et des contenus, selon une pédagogie interactive et créative. L’antithèse de la pédagogie descendante ! J’interviens sur des questions de management, de connaissance de soi, de bien-être au travail et de communication relationnelle. La qualité d’une formation se mesure à la facilité de sa mise en pratique sur le terrain. Les outils que nous éditons dans le catalogue Souriez Vous Jouez rendent les formations très participatives et ludiques.  

 

A.J. : Et la facilitation dans tout ça ?

A.E. : C’est une façon d’animer. Elle peut concerner l’animation de formation, mais pas que ! Par exemple, je passe des demi-journées ou des journées à animer des ateliers pour faire émerger l’intelligence collective, faciliter la production d’idées, relever des défis, coconstruire un plan d’action. Mon rôle consiste à faciliter la dynamique de groupe avec l’objectif de produire une récolte ensemble, en donnant sa place à chacun. Parmi les outils que je conseille à tous les facilitateurs, il y a le photolangage. Je l’utilise beaucoup car en faisant parler une image, la personne peut plus facilement parler d’elle, exprimer une idée, partager une émotion. Les trois métiers de coach, facilitatrice, formatrice m’apportent chacun des émotions et des satisfactions différentes. Mais j’avoue que la posture de facilitatrice me plait tout particulièrement. En une journée, on voit l’effet immédiat d’un travail en équipe. Et puis c’est sans doute le métier qui convient le mieux à l’abeille que je suis et qui a pour mission de polliniser, produire et récolter…  

 

A.J. : Tu n’as donc jamais regretté d’avoir changé de métier il y a quinze ans ?

A.E : Aucun doute là-dessus ! (Anna sourit en repensant au premier moment de notre échange sur le doute). Avant de me lancer dans cette aventure humaine incroyable, j’étais consultante en communication et marketing. J’ai même été directrice marketing dans le secteur du prêt-à-porter. J’ai voulu ensuite me consacrer aux hommes plus qu’aux marques. Les enjeux et problématiques de management me passionnent. Ma culture de l’entreprise m’aide à mieux comprendre les choses. De mon passé de communicante je garde la capacité d’élaborer et porter de nouveaux projets et trouver des solutions créatives et innovantes. Mon processus créatif ne s’est jamais arrêté. Quatre ans de formation chez Iris Créativité qui ont donné lieu à un mémoire sous forme de carnet de voyage qui s’intitule « Voyage au pays de la créativité ».  

 

A.J. : Est-il consultable en ligne ?

A.E. : Tu me donnes là une excellente idée. Je n’y ai jamais songé !  

 

A.J. : Un conseil à donner à quelqu’un qui souhaiterait devenir coach, formateur ou, facilitateur ?

A.E. : Toute personne qui quitte l’entreprise pour se lancer dans le consulting indépendant gagne en liberté… et perd en sécurité. Quand j’ai commencé en tant que coach nous étions environ 500 en France. Aujourd’hui nous avoisinons les 5 000 ! Ça donne une idée de l’offre… Même si le coaching se développe de plus en plus en entreprise, je conseillerais au coach débutant d’avoir une activité complémentaire. D’autant que c’est un métier que tu ne peux exercer huit heures par jour, on peut facilement comprendre pourquoi. Le codéveloppement, la formation et la facilitation sont à ce titre d’excellents compléments. En gagnant en expérience, la personne pourra aussi devenir conférencière. A condition toutefois d’avoir un sujet de prédilection, sur lequel son expertise est reconnue, et, de préférence, validée par la publication d’un livre.  

 

A.J. : En parlant de livre, il en est un dont tu supervises la publication prochainement…

A.E. : En effet. Il s’agit d’une compilation dédiée aux managers de l’ensemble de nos billets « 3 idées Pour », sous forme de fiches pratiques. La sortie est prévue à la rentrée 2019.  

 

Ah oui, j’oubliais, Anna Edery collabore aussi à l’édition d’ouvrages et de jeux conçus pour les managers et les professionnels de l’accompagnement !  

Pour les plus curieux :

 

 

  • La Recyclerie: ancienne gare transformée en bistrot, cantine écolo, bio et branchée. Des rencontres et ateliers y sont régulièrement organisés. http://www.larecyclerie.com/

 

  • Souriez Vous Managez, spécialise de l’accompagnement en entreprise pour un management humaniste et créatif, crée par trois associés Anna Edery, Manuel de Sousa et Arnaud Constancias : souriezvousmanagez.com

 

 

  • Animaux Totem par Anna Edery et Arnaud Constancias : jeu à thème destiné à réfléchir sur son identité symbolique. Outil pour les professionnels de l’accompagnement : coachs, formateurs, animateurs, facilitateurs…L’animal totem sert aussi bien à identifier un groupe qu’un individu.  Le petit livret qui l’accompagne le jeu précise les adjectifs et attributs associés à chaque animal ce qui peut aider à personnaliser son animal symbolique. Le saviez-vous ? L’animal totem est bien connu dans les cultures amérindiennes et le chamanisme. Chez les amérindiens, chaque animal possède des attributs qui définissent son être. Chaque être humain étant souvent « multiple » il est souvent représentée par plusieurs animaux. Mais l’animal Totem indique celui avec lequel est le plus connecté. L’animal Totem est aussi utilisé par les scouts de Baden Powell qui choisissent un animal pour donner un nom à leur patrouille.

animaux totem jeu de souriez vous managez

 

 

 

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2 comments

  1. […] ground des consultants, formateurs, facilitateurs et coachs que nous sommes, Arnaud Constancias, Anna Edery et moi-même. Notre trio « Souriez Vous Managez » existe depuis dix ans et s’enrichit de […]

  2. […] leur philosophie et…leurs jeux ! J’ai le plaisir de travailler avec Manuel de Sousa, Anna Edery et Arnaud Constancias depuis plus de dix ans.  En réfléchissant ensemble à l’évolution […]

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