Communiquer, c’est rendre conte

communiquer c'est rendre conte

(photo Ümit Yıldırım sur Unsplash)

Libérons nos imaginaires !

Je vous invite à quitter le présent pour regarder plus loin, plus grand, plus haut. En fait non, ne quittez par le présent. Restez-y mais sans être prisonnier de lui. Rompre complètement le lien du et du maintenant empêcherait l’élan. Pour aller loin, la pierre angulaire de l’imaginaire a besoin de l’attache solide de la fronde qui assure sa projection.

photo de mariageImaginer, c’est voir avec son esprit et non avec ses yeux. Quitter librement le réel pour voyager vers d’autres possibles. La destination peut être le futur mais elle peut, aussi, prendre le chemin inverse en mettant le cap vers le passé. Ne pensez-vous pas que le passé s’imagine autant que l’avenir ? Lorsque je regarde une photo sépia aux bords crénelés comme un timbre géant, je plonge dans des noces fêtées dans une salle communale, une virée en famille dans le désert saharien, une communion trop arrosée, un coucher de soleil, une rencontre qui arrondit le ventre d’une brunette qui ressemble beaucoup à ma mère. Par la seule force de mon imagination, je fais vivre ou revivre.

Au service de la création, l’imagination est décollage : s’extraire de la glue qui nous fixe dans l’étant de nos certitudes et projeter de nouvelles images sur l’écran infini du futur. L’artiste et le physicien se ressemblent. Tous deux fonctionnent à l’imagination. Tous deux sont des aventuriers, chercheurs de nouvelles vérités. En explorant d’autres voies, ils libèrent de nouvelles énergies qui mettent le monde en mouvement. Albert Einstein affirme que « l’imagination est plus importante que le savoir ». Il a cent fois raison. Elle ouvre vers d’autres savoirs.

Le communicant aussi imagine.

Quand l’information dit le réel avec le souci de justesse, la communication, fondamentalement, exprime l’envie d’un ailleurs qui rassemble. Elle est destination plus qu’information. Est-elle pour autant mensonge ? Non. Enfin, pas tout à fait… Accordons-lui le droit à l’embellissement, au brin d’exagération qui donne davantage de saveur au contenu. La communication a besoin d’esthétisme.

Si elle choisit pour alliée l’imagination, ce n’est pas dans l’idée initiale de tromper mais d’embarquer. Pour ce faire, elle opte pour des formes qui inspirent, provoquent, émeuvent : images captivantes, mots taillés comme des pierres précieuses, envolées lyriques, voix envoûtantes, couleurs flamboyantes, musiques entrainantes…Cet archipel imaginaire dresse peu à peu la carte du storytelling. Pour bien communiquer, il faut avant tout aimer raconter des histoires. Rendre conte plutôt que rendre compte.

Communiquer pour relier

Et c’est là que le danger guette. L’habillage peut vite devenir camouflage. L’attention portée à la forme, nous faire dévier du message essentiel. Il convient alors de veiller à ce que la destination ne soit pas un vide hypnotique avalant tout sur son passage, sans discernement. Naviguant sur l’océan de l’imaginaire, sans aucune prise avec le réel, on en vient à s’inventer, à se leurrer et de ce fait, à tromper les autres. Sans même que nous en ayons conscience, les amarres sont larguées, le fil du sens est perdu, l’élastique de la fronde que l’on croyait distendu a en fait cédé sous la pression du «trop ». La communication relie les hommes et les imaginaires.

En tant que communicante, je suis sans cesse confrontée à ces récifs que, de loin, je prends, parfois pour des îles exotiques. Où m’arrêter, quand continuer ? Quels territoires explorer, quels lieux éviter ? Quand donner du lest, quand retendre d’une main ferme ? La communication est destination et tension. Elle exige d’être ancrée dans le présent, avec force et assurance pour mieux explorer le passé et le futur. Sans jamais perdre de vue l’objectif de sa quête, à savoir, la rencontre. En latin, « communicare » signifie mettre en commun. Quel plus voyage que celui qui mène à l’autre ? Rejoindre l’autre et en faire son nouveau compagnon de route. Mieux : le coéquipier de sa prochaine traversée !

Dans une époque où l’on invite beaucoup à se reconnecter avec soi, à prendre du temps pour soi, à faire chemin vers son soi intérieur,  qui aussi, encourage l’auto-promotion, voire l’autoglorification, selfies à l’appui, il est possible que nous oubliions que c’est dans l’autre que nous apprenons le mieux à nous connaitre.

Alors continuons d’imaginer, de rêver. Racontons des histoires pour éclairer le présent de la lumière éclatante de l’imaginaire. Communiquons avec sincérité même si cela n’est pas synonyme de vérité absolue. Tant que ce n’est pas pour de faux, pour tromper ou se tromper soi-même mais pour trouver de nouveaux chemins vers un meilleur qui reste à construire. Ensemble.

Vos commentaires sont précieux : pour les autres, pour moi. Merci !

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