Ivan Leprêtre déteste parler de lui. Il préfère laisser la créativité le faire à sa place. L’interview est donc un exercice qu’il redoute tout particulièrement. Ivan s’est pourtant laissé prendre au jeu des questions réponses. Sans doute parce que le sujet initial, c’est son magazine en ligne « J’attends le numéro 1». En apparence…car peu à peu, le créatif se dévoile sans langue de bois. Double portrait.
Photo Fred Chapotat
Pourquoi avoir créé J’attends le numéro 1 ?
L’idée est née d’un besoin d’élargir les frontières de mon activité professionnelle, une forte envie de mettre en place un espace de création libre, en dehors des contraintes liées aux cahiers des charges clients. Cet espace de liberté graphique et éditorial – où je peux m’exprimer de façon totalement débridée – je l’ai ouvert à d’autres personnes créatives, passionnées et impliquées. La toute première personne à m’avoir rejoint dans cet espace créatif est Isabelle Souchet-Leprêtre à qui l’on doit l’intelligente création du nom « évolutif » de ce webmag. Aujour’hui, nous en sommes au 54e numéro tout de même !
À qui s’adresse ce magazine ?
« J’attends le numéro1 » ne vise pas une typologie particulière, je dirais même que sa légitimité est différente. Il s’agit plus d’un outil de communication pour les contributeurs/trices, une sorte de vitrine renouvelée tous les 3 mois montrant le savoir-faire de chacun/e. À ce titre, je pense, qu’il ne s’agit pas d’une formule de type « magazine », mais plutôt d’un atelier d’expériences divertissantes. On peut se servir de « J’attends » comme d’un « super-book » et le relayer par le biais des différents réseaux sociaux de façon exponentielle. Effet boule de neige garanti ! Ce melting-pot créatif peut donc susciter l’intérêt d’un lectorat étendu. »
Comment choisis-tu les thématiques à explorer ?
Avec prise de tête ! Le principe est la participation de tous les contributeurs. Les thèmes retenus sont suffisamment larges et universels pour permettre à tous les créatifs dans leur domaine – photographie, dessin, graphisme, poésie, rédactionnel…, d’exprimer leur talent en toute liberté. « J’attends le numéro 1 » reste avant tout un lieu où chacun/e à voix au chapitre. »
C’est quoi un créatif pour toi ?
Une personne curieuse de tout et attentive au monde qui l’entoure avec une soif d’apprendre inaltérable et un amour de l’émerveillement exacerbé. Le créatif a gardé son âme d’enfant, il aime jouer et s’aventurer sur des territoires inattendus. Sans son esprit exercé et perpétuellement en éveil, il ne crée rien de pertinent, que des copies vides de sens. Le créatif passe une bonne partie de son temps à se remettre en question… L’état de stase créative et d’autosatisfaction ne peut exister.
Personnellement, j’ai besoin d’exprimer ma créativité « débordante » autant par le biais du graphisme que par l’illustration, la vidéo ou l’écriture. J’ai même peint et sculpté dans une autre vie ! L’excitation de la découverte et de l’apprentissage d’un nouveau médium est vitale pour moi.
Le pitch pour présenter ton métier ?
Si tu apprécies la sécurité, les horaires fixes, les RTT, tes cinq semaines de congés payés et la routine au boulot, ne fais jamais graphiste (sourire en coin) !
Tu es créatif heure après heure, le jour et la nuit et ce, tout au long de ton existence. La Créa, ça te colle à la peau et tel un moine, tu entres définitivement en religion. Tu peux changer de job maintes fois dans ta vie, tu resteras toujours un créatif. Une forme colorée, une typo originale sur une affiche, une photo dans un magazine, un spectacle de rue peuvent à tout moment déclencher une idée qui met la boîte à neurones en route.
Ton approche du métier de créatif ?
Une valeur ou plutôt un principe sous forme de question m’accompagne dans chaque projet « Si j’étais à la place du demandeur est-ce que j’achèterais la ou les propositions créatives que je viens de « pondre » ?…
Je travaille dans une optique de respect mutuel vis-à-vis de ma clientèle. C’ est primordial pour bien dormir la nuit. J’applique ce même principe à mes relations avec mes collaborateurs/trices. J’écoute et je questionne, je propose sans imposer, j’explique mes choix à chaque étape du processus créatif. Je m’implique autant sur un petit budget que sur un projet plus ambitieux. Il s’agit plus d’une « histoire » entre personnes de bonne intelligence ayant envie de concevoir de bons outils de communication. En contrepartie, j’attends un respect de mon travail de directeur de création et une confiance en mon expertise. Si ce n’est pas le cas – et je m’en aperçois très vite – je ne renouvelle pas l’expérience.
Ah oui, pour finir… je ne bosse pas pour les mauvais payeurs ! »
La critique qui t’a fait le plus évoluer ?
« Euh… j’ai le droit à un joker ? »
Non !
« Bon d’accord, je m’y colle… Au début, il y eut le verbe !
Puis très rapidement vinrent la critique et le critiqueur…
La « critique » fait partie de la liste des termes ambigus de notre langue. Elle résonne généralement comme une interprétation négative dans l’esprit du graphiste, de l’artiste ou du chercheur qui se la prend en pleine « tronche ». Afin de lui donner une représentation positive, le français lui ajoute par ailleurs des adjectifs, donnant des formules comme : une bonne critique ou une critique constructive… Une hypocrisie quoi ! La critique sert surtout à mettre le critiqueur dénué de talent en avant de la scène. Je citerai donc Monsieur Philippe Destouches, comédien et auteur dramatique français afin de ne pas répondre à la question posée « La critique est aisée, mais l’Art est difficile ! ».
Je sais, je suis un vilain…
Le plus beau compliment que l’on t’ait fait ?
« C’est très beau papa ! »
Des liens pour les plus curieux
- Ivan Leprêtre : http://ivanlepretre.com/
- Isabelle Souchet : https://www.facebook.com/SouchetLepretre
- La collection de Jattendslenuméro1 :http://jattendslenumero1.com/
- Les jeux illustrés par Ivan pour Souriez Vous Jouez
- crédit photos Ivan et Ivan&Isabelle : Fred Chapotat http://www.fredchapotat.com/
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